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©pemp real a vo5|Marianne Larvol

Centenaire des grèves de Douarnenez

« Pemp real a vo »

5 sous nous aurons ! Cette phrase est scandée dans les rues de Douarnenez en fin d’année 1924 par des milliers de personnes.

En novembre 1924, les femmes de Douarnenez se mettent en grève pour demander une augmentation de salaire. Elles sont alors payées 80 centimes de francs. En quelques jours, toutes les ouvrières, les Penn sardin comme on les appelle ici, se mettent en grève avec ce mot d’ordre : « Pemp real a vo« .

 

Une grève de femmes

Douarnenez vit de la pêche. La sardine est la reine de la Baie de Douarnenez depuis plusieurs siècles. Toute la ville vit au rythme de la pêche. D’abord dans les usines à salaison en période gallo-romaine puis les presse à sardine et dès 1853, dans les conserveries.

Au XIXème siècle, les femmes sont dans les usines, les fritures, les hommes en mer. Les petits garçons avec leur père; les jeunes filles avec leur mère. Quand le poisson est débarqué, il faut le travailler même s’il faut pour cela terminer tard dans la nuit.

 

Le salaire est bien maigre au vu des heures travaillées. Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles. Elles sont payées 80 centimes de francs l’heure.

Le 20 novembre 1924, les ouvrières de l’usine Carnaud se mettent en grève. Elles demandent 1 franc l’heure. Peu à peu toutes les usines se rangent derrière ce même mot d’ordre :  « Pemp real a vro », 5 sous nous aurons. Le maire de Douarnenez, Daniel LE FLANCHEC se range du côté des manifestants et leur conseille de demander 1,25 Franc. Les pêcheurs qui sont les maris, pères, frères des ouvrières sont solidaires et ne partent plus en mer pêcher. Un comité de grève est élu pour organiser le mouvement.

 

Les usiniers refusent de négocier malgré la présence d’un juge de paix. Les cortèges résonnent tous les jours dans la « ville rouge ».

 

Le ministre du Travail, Justin Godard, invite les 2 partis pour négocier à Paris le 12 décembre. Le lendemain, Mme Quéro, propriétaire d’une petite conserverie négocie: 1 Franc pour les femmes. Raynier, accompagné de ses acolytes, arrive sur Douarnenez le 18 décembre. Ils distribuent des tracts  contre la grève. Le 31 décembre, ils vont plus loin et tentent de tuer Daniel LE FLANCHEC. Des preuves pointent vers 2 conserveurs. Pour éviter d’être poursuivi en justice, le syndicat patronal négocie : 1Fr l’heure.

La grève est finie le 7 janvier 1925. Les femmes l’ont remportée après 46 jours de grève.

Une femme élue au conseil municipal

Joséphine PENCALET

(1886 – 1972)


En mai 1925, quelques mois après la grève, les hommes sont appelés aux urnes.

Sur les listes électorales, on peut y lire un nom surprenant : « PENCALET Joséphine « .

Joséphine PENCALET est originaire de Douarnenez.  Elle a vécu à Paris et suite au décès de son mari, elle revient à Douarnenez avec ses 2 enfants. Joséphine PENCALET travaille comme ouvrière d’usine. Bien qu’elle fasse grève, ce n’est pas non plus une personne incontournable lors des grèves. 

A cette époque, les femmes n’ont ni le droit de vote ni le droit d’être élue. Le Secrétariat féminin de la IIIème international en 1924 avait demandé à ce que les femmes soient présentes sur les listes électorales. La loi n’interdisait pas que les femmes se portent candidates. Le Parti Communiste à Douarnenez souhaite que ça soit une ouvrière. Seule une veuve accepte.

1283 électeurs ont voté pour sa liste. 

Mais son élection est invalidée par la Préfecture puis par le Conseil d’Etat cinq mois plus tard. 

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©Pencalet Josephine
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